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Un esprit saint pour un corps enfantin
Ce sarcophage du IVe siècle n’est pas très grand, et c’est normal. En effet, il a été sculpté pour un enfant. Ce n’est jamais très joyeux, mais c’est ainsi. Pourtant, ce petit être n’a pas été le seul occupant de cette tombe, puisqu’il a peut-être partagé sa dernière demeure avec une personnalité gasconne : saint Clair d’Elusa (Éauze, important site archéologique romain du Gers).
Ce sarcophage a été découvert dans le prieuré Saint-Orens d’Auch, aujourd’hui disparu. Il y servait de support à la table d’autel, dédiée à l’évêque Clair d’Aquitaine, quand il a été récupéré en 1806. C’est pourquoi on a supposé qu’il contenait les restes du défunt prélat.
Mais comment se fait-il qu’un saint et un enfant aient partagé le même sarcophage ? Eh bien, rien de plus simple : entre le VIe et le XVIIIe siècle, l’Église avait dû trouver le décor de la cuve à son goût, et souhaité réutiliser le sarcophage pour l’évêque, dans l’attente du Jugement dernier.
Et en matière de décor, il y avait une vraie narration, digne des meilleures bandes dessinées. Trois des quatre faces représentent les scènes de la Bible parmi les plus réputées.
Sur la face principale, rien de moins que trois évènements : à gauche, Jésus ressuscite Lazare ; au centre, il multiplie les pains, entouré de ses disciples ; enfin, à droite, Abraham s’apprête à sacrifier son fils Isaac avant qu’une intervention divine ne vienne le remplacer par un mouton.
Les deux petits côtés ne sont pas en reste. Sur l’un d’eux, Adam et Ève sont debout, de part et d’autre de l’arbre autour duquel s’enroule un serpent. Sur l’autre petit côté, le prophète Daniel lève les bras, entouré par deux lions prêts à le dévorer.
Cette succession de scènes bibliques décrit le cycle complet du Salut, depuis le Péché Originel jusqu’à la Résurrection : les scènes de l’Ancien Testament annoncent la naissance du Christ et son sacrifice, alors que celles du Nouveau Testament renvoient à la promesse du Salut du corps et de l’âme après la mort. Ces scènes se retrouvent très fréquemment dans le premier art chrétien, notamment sur des sarcophages du Sud-Ouest de la France. Une marque de fabrique en somme. Sur le petit côté gauche, celui avec la scène d’Adam et Ève, peut-être avez-vous remarqué qu’un petit trou traverse la cuve ? Son interprétation est encore débattue : s’agit-il d’un percement utilisé dans un contexte rituel, ou bien d’une évacuation créée si le sarcophage a été réemployé en fontaine ou mangeoire, comme c’est arrivé à bon nombre de sarcophages de l’Antiquité ?
FICHE TECHNIQUE
Désignation
Cuve de sarcophage dite « tombeau de saint Clair »
Matériau
Marbre
Lieu de découverte
Église Saint-Orens, Auch (Gers)
Date de fabrication
IVe siècle
Numéro d’inventaire
Ra 825
Localisation
Réserves